Dans la partie méridionale de l’Italie, les données sont encore insuffisantes pour discuter du problème de la néolithisation : les sites du Mésolithique récent et du Néolithique ancien clairement identifiés stratigraphiquement sont rares et les analyses demeurent partielles ou préliminaires ; les datations disponibles ne sont pas cohérentes. Les auteures font d’abord un bilan des données disponibles pour le Mésolithique italien. Celui-ci est bien représenté dans ses phases anciennes sauveterriennes tandis que ses phases récentes, castelnoviennes, le sont beaucoup moins. En effet, le Castelnovien est bien connu en Italie du Nord et dans la partie nord-ouest de la Toscane. Il est, par contre, quasi absent de l’Italie centrale et méridionale. Ceci pose des problèmes pour tenter de comprendre le processus de la néolithisation dans la péninsule Italienne et les phénomènes d’intégration entre derniers mésolithiques et premiers néolithiques. Les gisements ayant livré des industries castelnoviennes sont les suivants : Latronico 3 (Potenza), couches 68-41, avec une série de datations du VIIe millénaire cal. BC, probablement la grotte de l’Uzzo (Trapani), tranchée F, couches 13-14, les niveaux dits de transition et la grotte Continenza (L’Aquila). La rareté des sites du Mésolithique récent reflète-t-elle la réalité ou est-elle imputable à d’autres causes ? La phase initiale de la « Ceramica impressa » est identifiée dans les Pouilles, la Basilicate, la côte ionienne de la Calabre, tandis que sa supposée présence en Sicile demande à être confirmée par des données supplémentaires. La documentation fournie par Stufe di San Calogero al Kronio (Agrigente), niveaux 17-16 et la grotta dell’Uzzo (tranchée F, couches 7-9) est encore trop partielle pour reconnaître un processus évolutif allant d’une phase archaïque vers une phase évoluée Les datations indiquent que certains sites étaient occupés à l’extrême fin du VIIe millénaire cal. BC, tandis que d’autres, attribués à une phase archaïque, datent du début du VIe millénaire. L’organisation des habitats, partiellement fouillés, est parfois difficilement interprétable. En revanche, il est possible d’identifier des espaces destinés à des activités différenciées et abritant des structures spécifiques. Une enceinte d’habitat est attestée à Rendina (Potenza) - avec une structure en fossé, trait récurrent et propre à plusieurs régions, comme le Tavoliere et la région de Matera - et à Pulo di Molfetta (Bari), dans ce cas avec un mur imposant. Des maisons ont été fouillées à Rendina et à Balsignano (Bari), mais leur existence est prouvée par la présence de fragments de torchis dégagés à Favella et Ripa Tetta (Foggia). À Trasano (Matera) les enclos érigés avec des blocs massifs soulignent l’importance du bétail dans l’économie et la construction de fours démontre un savoir-faire et un entretien de structures largement utilisées d’après les restes découverts dans d’autres villages. Parmi les rares traces témoignant de rites funéraires, le site de Canale Samari (Lecce) peut être considéré comme un lieu d’inhumation et atteste de pratiques spécifiques. Agriculture et élevage constituent les activités économiques fondamentales. L’analyse archéobotanique atteste la culture de toutes les espèces céréalières, dès la phase ancienne. Parmi la faune, les espèces domestiques sont prédominantes avec généralement un nombre important de caprinés, un pourcentage non négligeable de bovins et un taux variable de porcs. On notera que les études archéozoologiques ont mis en évidence l’élevage d’animaux pour la production de lait, constat permettant de réévaluer l’hypothèse de l’exploitation des produits secondaires dès le Néolithique ancien. Inconnues auparavant, les céramiques présentent des caractéristiques récurrentes concernant la composition de la pâte et le façonnage des vases (technique du colombin prédominante). Deux types de productions - une grossière et une fine à pâte épurée - sont présents en pourcentages variables. La production apparaît comme domestique, sans standardisation. Mais dans tous les sites, les formes principales sont des vases ovoïdes, des bols et des tasses sphériques, des vases a fiasco. Les décors présentent les mêmes thèmes et sont exécutés avec les mêmes outils et de la même façon : impressions digitées, impressions à la coquille à bord dentelé et au poinçon, disposées en général en registres parallèles couvrant la panse du vase et en épousant la courbure. La céramique fine présente une certaine variabilité qui s’accentue au cours du temps et définit la particularité des phases et des faciès. Pour la Sicile, les rares données indiquent à Kronio l’association de céramiques grossières à décoration impressa couvrante et de céramiques fines avec une thématique géométrique incisée. Dans de nombreux sites, les assemblages lithiques font apparaître des techniques de débitage et des pièces — débitage laminaire et technique du microburin, géométriques, lamelles à coches opposées — qui suggèrent un éventuel lien avec le Castelnovien, caractéristiques qui au contraire sont absentes ou rarement attestées dans d’autres sites. La présence de grattoirs courts et circulaires est un trait particulier à la région des Pouilles. Les chronologies du Mésolithique récent et du Néolithique ancien se superposent partiellement, suggérant la possibilité de contacts entre communautés autochtones et communautés allochtones. Le monde agricole est caractérisé par une organisation sociale, une structuration de l’habitat, une production artisanale, des choix économiques et des pratiques cultuelles allogènes. Des éléments spécifiques dans l’industrie lithique et parmi les parures nous amènent à prendre en compte la possibilité d’échanges de savoir-faire entre les deux économies, mais il peut aussi s’agir d’acquisitions qui précèdent l’arrivée des colons néolithiques dans les régions du sud-est. L’approvisionnement en matière première est d’abord local, mais il s’oriente rapidement vers des matériaux de meilleure qualité. La continuité entre Mésolithique et Néolithique mise en évidence sur la base des données économiques à la grotte de l’Uzzo est en partie expliquée par la situation du site, mais cette documentation prête à discussion.

Du mèsolithique au Néolithique ancien en Italie centrale et méridionale

RADI, GIOVANNA
2014-01-01

Abstract

Dans la partie méridionale de l’Italie, les données sont encore insuffisantes pour discuter du problème de la néolithisation : les sites du Mésolithique récent et du Néolithique ancien clairement identifiés stratigraphiquement sont rares et les analyses demeurent partielles ou préliminaires ; les datations disponibles ne sont pas cohérentes. Les auteures font d’abord un bilan des données disponibles pour le Mésolithique italien. Celui-ci est bien représenté dans ses phases anciennes sauveterriennes tandis que ses phases récentes, castelnoviennes, le sont beaucoup moins. En effet, le Castelnovien est bien connu en Italie du Nord et dans la partie nord-ouest de la Toscane. Il est, par contre, quasi absent de l’Italie centrale et méridionale. Ceci pose des problèmes pour tenter de comprendre le processus de la néolithisation dans la péninsule Italienne et les phénomènes d’intégration entre derniers mésolithiques et premiers néolithiques. Les gisements ayant livré des industries castelnoviennes sont les suivants : Latronico 3 (Potenza), couches 68-41, avec une série de datations du VIIe millénaire cal. BC, probablement la grotte de l’Uzzo (Trapani), tranchée F, couches 13-14, les niveaux dits de transition et la grotte Continenza (L’Aquila). La rareté des sites du Mésolithique récent reflète-t-elle la réalité ou est-elle imputable à d’autres causes ? La phase initiale de la « Ceramica impressa » est identifiée dans les Pouilles, la Basilicate, la côte ionienne de la Calabre, tandis que sa supposée présence en Sicile demande à être confirmée par des données supplémentaires. La documentation fournie par Stufe di San Calogero al Kronio (Agrigente), niveaux 17-16 et la grotta dell’Uzzo (tranchée F, couches 7-9) est encore trop partielle pour reconnaître un processus évolutif allant d’une phase archaïque vers une phase évoluée Les datations indiquent que certains sites étaient occupés à l’extrême fin du VIIe millénaire cal. BC, tandis que d’autres, attribués à une phase archaïque, datent du début du VIe millénaire. L’organisation des habitats, partiellement fouillés, est parfois difficilement interprétable. En revanche, il est possible d’identifier des espaces destinés à des activités différenciées et abritant des structures spécifiques. Une enceinte d’habitat est attestée à Rendina (Potenza) - avec une structure en fossé, trait récurrent et propre à plusieurs régions, comme le Tavoliere et la région de Matera - et à Pulo di Molfetta (Bari), dans ce cas avec un mur imposant. Des maisons ont été fouillées à Rendina et à Balsignano (Bari), mais leur existence est prouvée par la présence de fragments de torchis dégagés à Favella et Ripa Tetta (Foggia). À Trasano (Matera) les enclos érigés avec des blocs massifs soulignent l’importance du bétail dans l’économie et la construction de fours démontre un savoir-faire et un entretien de structures largement utilisées d’après les restes découverts dans d’autres villages. Parmi les rares traces témoignant de rites funéraires, le site de Canale Samari (Lecce) peut être considéré comme un lieu d’inhumation et atteste de pratiques spécifiques. Agriculture et élevage constituent les activités économiques fondamentales. L’analyse archéobotanique atteste la culture de toutes les espèces céréalières, dès la phase ancienne. Parmi la faune, les espèces domestiques sont prédominantes avec généralement un nombre important de caprinés, un pourcentage non négligeable de bovins et un taux variable de porcs. On notera que les études archéozoologiques ont mis en évidence l’élevage d’animaux pour la production de lait, constat permettant de réévaluer l’hypothèse de l’exploitation des produits secondaires dès le Néolithique ancien. Inconnues auparavant, les céramiques présentent des caractéristiques récurrentes concernant la composition de la pâte et le façonnage des vases (technique du colombin prédominante). Deux types de productions - une grossière et une fine à pâte épurée - sont présents en pourcentages variables. La production apparaît comme domestique, sans standardisation. Mais dans tous les sites, les formes principales sont des vases ovoïdes, des bols et des tasses sphériques, des vases a fiasco. Les décors présentent les mêmes thèmes et sont exécutés avec les mêmes outils et de la même façon : impressions digitées, impressions à la coquille à bord dentelé et au poinçon, disposées en général en registres parallèles couvrant la panse du vase et en épousant la courbure. La céramique fine présente une certaine variabilité qui s’accentue au cours du temps et définit la particularité des phases et des faciès. Pour la Sicile, les rares données indiquent à Kronio l’association de céramiques grossières à décoration impressa couvrante et de céramiques fines avec une thématique géométrique incisée. Dans de nombreux sites, les assemblages lithiques font apparaître des techniques de débitage et des pièces — débitage laminaire et technique du microburin, géométriques, lamelles à coches opposées — qui suggèrent un éventuel lien avec le Castelnovien, caractéristiques qui au contraire sont absentes ou rarement attestées dans d’autres sites. La présence de grattoirs courts et circulaires est un trait particulier à la région des Pouilles. Les chronologies du Mésolithique récent et du Néolithique ancien se superposent partiellement, suggérant la possibilité de contacts entre communautés autochtones et communautés allochtones. Le monde agricole est caractérisé par une organisation sociale, une structuration de l’habitat, une production artisanale, des choix économiques et des pratiques cultuelles allogènes. Des éléments spécifiques dans l’industrie lithique et parmi les parures nous amènent à prendre en compte la possibilité d’échanges de savoir-faire entre les deux économies, mais il peut aussi s’agir d’acquisitions qui précèdent l’arrivée des colons néolithiques dans les régions du sud-est. L’approvisionnement en matière première est d’abord local, mais il s’oriente rapidement vers des matériaux de meilleure qualité. La continuité entre Mésolithique et Néolithique mise en évidence sur la base des données économiques à la grotte de l’Uzzo est en partie expliquée par la situation du site, mais cette documentation prête à discussion.
2014
9782877725743
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