L’urne, la barricade et l’attroupement. Figures de la souveraineté populaire en France (et en Italie) au milieu du XIXe siècle

FRUCI G.L.
2008-01-01

2008
978-2-7535-0630-5
Les nombreuses révolutions démocratiques italiennes et la proclamation de la Seconde République marquent la fin de l’âge d’or de la barricade en tant que symbole partagé de l’incarnation et de la représentation foudroyante du peuple. En 1848-49, la pratique de la manifestation, bien que répandue largement en France ainsi qu’en Italie, est aussi dépourvue de légitimation, même si ses acteurs la considèrent souvent comme la véritable expression de la voix du peuple opposée à la volonté des assemblées représentatives. Le discours politique dominant rattache la manifestation à l’attroupement, qui demeure toujours en suspens entre ordre public et violence. La méfiance ou l’interdiction à l’égard des formes de participation politique et de prise de parole alternatives au suffrage contribuent à surcharger le vote universel, d’abord d’un surplus d’attentes, ensuite d’un surplus de déceptions, qui se focalisent, en premier lieu, sur le système électoral (le scrutin de liste par département), et en deuxième lieu, directement sur la démocratie représentative. Parallèlement, après la condamnation générale des journées de juin 1848, l’«insurrection morale et pacifique» (13 juin 1849) et la barricade (défense de la République Romaine; 2-4 décembre 1851) récupèrent une légitimité dans le champ démocratique afin de protéger la République contre les violations de la Constitution, les tentatives de coup d’état et les ennemis de l’extérieur. Cet contribution montre que si l’exercice électoral et pacifique de la souveraineté par le suffrage universel est tenu aujourd’hui pour acquis, ça n’était pas le cas au milieu du XIXe siècle, lorsque le droit/devoir de vote et le droit/devoir à l’insurrection – opposée à l’émeute et assimilée largement à la manifestation – se superposaient souvent dans la pensée démocratique et radicale, en témoignant de la tension irrésolue qui demeurait, aussi bien dans le discours que dans les pratiques, entre les figures de celle que Ledru-Rollin appellait la «grande souveraineté».
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